Quand j’ai démarré avec le vitrail, j’ai découvert le plaisir d’un beau travail d’artisan, des gestes qui viennent de loin.
C’est vrai en particulier pour le contact avec le plomb, massif, mais que l’on peut aussi le travailler comme de la dentelle.
L’avantage du vitrail, et sa contrainte, c’est le travail si subtil qu’il permet. Tout doit être nickel, les mesures sont si fines, au millimètre près… Le vitrail, c’est aussi l’ascèse du dessin.
Vitrail figuratif.
La peinture sur verre se fait avant la cuisson ; ensuite elle est indélébile. Je peins avec des oxydes de fer, et la maîtrise consiste dans l’anticipation du changement de couleurs après l’épreuve du feu. En restauration, j’ai dû travailler sur des visages, et il était difficile de trouver la même valeur que celle d’un verrier qui a travaillé cent ans avant moi.
Pourtant, ce n’est pas un faute de mieux qui m’a fait travailler la dalle de verre. Car cette technique, c’est encore un art différent. C’est beaucoup plus brut : de la couleur dans la masse sur 3cm d’épaisseur, dans lesquels je vais comme les tailleurs de pierre, tailler l’amorce pour que la dalle se sépare. L’épaisseur rend la couleur plus puissante, brute comme une matière.
Avec elle, j’entre dans la matière et dans l’abstrait, tout à la fois : on pénètre dans le verre, la taille et les formes sont plus libres, aussi dues au hasard des entailles… Avant de couler la dalle, on va écailler pour faire passer de la lumière. Parfois, le geste est facile et la coupe est droite ; mais il est beaucoup plus dur et délicat de chercher des courbes. Ensuite, le tout est serti dans le « vitrail » — pas dans du plomb, cette fois, mais dans du ciment armé ou du métal. Et là encore, je retrouve la confrontation aux machines : la meuleuse, la soudure à l’arc.
Vitrail avec motif floral.
Ainsi, de la création de l’armature métallique, à la beauté du verre et enfin à la phase la plus « sale » (le sable, le ciment, l’eau…), tout s’achève comme avec le vitrail, en une surface très lumineuse.
Depuis toujours, j’ai voulu travailler la pâte de verre. C’est cristallin et massif. C’est surtout une technique difficile. Le principe est le même que pour le bronze, mais plus délicat : des heures de cuisson, des jours de refroidissement, et le tout est très complexe. Ça passe ou ça casse, et une fois le processus de cuisson lancé, on ne peut rien à l’alchimie qui se déclenche.
Confiture de verre.
En 1997, j’avais créé des petits personnages pour un échiquier, mais j’ai arrêté. C’est une technique que je n’ai peut-être pas assez développée. Et qui sait, peut-être que mes pots de « confiture de verre », où j’amasse les écailles inutilisables, serviront un jour à retrouver le chemin de la pâte de verre !