Quand je travaille, j’ai besoin d’être seule, tout se joue entre moi et la matière. Mais pour pérenniser ce bonheur, il a encore fallu du temps.
Et enfin, le métier, c’est beaucoup d’investissement, d’argent, de temps, d’exposition : avoir son four à soi, se procurer du verre spécial, sortir de sa coquille… J’ai eu la chance d’être immédiatement exposé par la Galerie de verre de Montpellier, Place des Arts, qui a hélas fermé récemment. Je n’étais pas peu fière d’y entrer ! Il y en a peu en France, avec de grands noms représentés.
Gravée dans le verre…
Bien d’autres expositions se sont enchaînées, jusqu’à ce grand projet pour le centre funéraire de Grenoble, en 2005 : une fresque de 7m2. On m’a également demandé d’habiller plusieurs salons destinés à accueillir les familles pour qu’elles puissent se recueillir dans le souvenir des disparus. Je trouvais là des lieux de méditation où mes panneaux de verre devaient accompagner ces êtres, les envelopper discrètement, illuminer sans gêner tous les sentiments qui nous habitent dans des moments aussi forts et difficiles. En tant qu’artisane autant qu’artiste, mon but était atteint : ma « peinture de verre » devenait part d’un ensemble architectural global, et d’une architecture hautement chargée de sens.
Avant le feu.
Depuis, le complexe funéraire de Grammont, à Montpellier, m’a permis d’approfondir ma maîtrise de tels programmes, si chargés symboliquement, tout en tendant vers l’épure de ma technique.
En parallèle, j’ai travaillé de façon plus légère et gaie, à la demande de particuliers voulant aménager leur intérieur.
Et bien sûr, j’ai poursuivi ma création artistique personnelle, que j’ai depuis 2007 la chance de pouvoir enfin présenter durant toute l’année dans mon atelier/galerie/boutique situé dans le centre historique de Pézenas.
Vue par Geneviève Laffitte.
Quand je travaille, j’ai besoin d’être seule, tout se joue entre moi et la matière. Dans ma cave de mes débuts, à Boujan, j’étais vraiment à l’étroit, et en même temps j’étais heureuse… Aujourd’hui, dans mon atelier à Pézenas, les conditions sont tout à fait différentes : cela compte d’avoir des gens qui viennent, de l’espace, un grand four, d’être entourée de mes créations, avec cette grande ouverture sur l’ancienne petite rue qui monte. Mais je garde toujours ce besoin d’alterner, idéalement, les moments de travail acharné et de lien avec des projets architecturaux, plutôt l’hiver, et le moment plus léger durant la saison estivale où j’ouvre ma boutique, pour mes pièces « artistiques », les totems et les tableaux.